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Le collectif

vendredi 1er novembre 2013, par le Collectif de praticiens auprès d’autistes

Le Collectif de praticiens avec autistes trouve son origine en un cartel formé en 2004 à partir d’intervenants dans un IME recevant des autistes qui demandèrent à J-C Maleval d’être leur plus-Un. Il était composé de Martine Guillot, enseignante, Michel Forget, chef de service, et Myriam Perrin, psychologue. Le travail du cartel s’orienta de manière privilégiée vers l’étude de textes publiés par des autistes en considérant, conformément à l’éthique psychanalytique, que c’était d’eux que nous avions le plus à apprendre. Ce ne sont pas seulement les autistes d’Asperger qui écrivent, nous n’avons pas borné nos recherches à Temple Grandin, Donna Williams ou Sean Barron, plusieurs autistes sévères parviennent aussi à communiquer par l’écrit (Sellin, Deshays, Higashida), et ils n’ont pas moins retenu notre attention. Nous fûmes vite confrontés à une question récurrente posée par les intervenants auprès d’autistes : quelle attitude prendre concernant leurs dites « obsessions » et leur attachement à l’objet autistique ? Les autistes qui peuvent s’exprimer sont unanimes à demander leur respect, d’une part parce qu’ils les protègent contre l’angoisse, d’autre part parce qu’ils constituent un canal privilégié d’ouverture vers le social.

Le cartel impulsa en 2006 une Journée d’Etudes à St Malo sur le thème de l’objet autistique qui rencontra localement un certain écho. Nous y introduisîmes une thèse opposée à celle de Frances Tustin, la psychanalyste anglaise qui inventa le concept d’objet autistique. Selon elle ces objets sont nocifs, ils s’opposeraient à la vie et à la créativité, ils porteraient en eux la destruction et le désespoir. Ce seraient des objets pathologiques faisant obstacles aux soins de la mère. Du côté des techniques de rééducation du comportement, les objets autistiques ne sont pas mieux considérés. Quand on ne s’interroge guère sur leurs fonctions, ils apparaissent comme des anomalies comportementales, de sorte qu’il faudrait à l’évidence s’employer à les corriger. Ce que nous avons nommé les objets autistiques complexes nous sont au contraire apparus comme un mode de jouissance spécifique de l’autiste situé au principe de sa défense majeure contre le désir de l’Autre. L’indication déjà ancienne d’Eric Laurent selon laquelle dans l’autisme la jouissance fait retour sur le bord nous est alors devenue particulièrement éclairante.

Quand le cartel arriva à son terme il se transforma en un collectif qui forma le projet de produire un livre développant une approche de l’autisme centrée sur le bord. Après deux ans de travail nous produisîmes un ouvrage collectif « L’autiste, son double et ses objets » publié en 2009 aux Presses Universitaires de Rennes. L’année précédente une des participantes au cartel initial, Myriam Perrin, avait soutenu à l’Université de Rennes 2, un Doctorat intitulé « L’autiste a-t-il quelque chose à dire ? Approche structurale de l’autisme infantile », dans laquelle elle mettait au premier plan un appui sur l’objet autistique pour la conduite de la cure. L’ouvrage de J-C Maleval sur « L’autiste et sa voix » publié aux Editions du Seuil, dans la même période, en 2009, s’inscrit dans une ligne de pensée semblable et fut en partie nourri par des discussions au sein du collectif. Celui-ci fut donc d’abord un creuset de recherches sur l’autisme.

Un tournant survint en 2012 avec la parution du 3e plan Autisme classant l’approche psychanalytique comme « non consensuelle ». L’empressement de Mme Carlotti, secrétaire d’état à la santé, à identifier les méthodes non consensuelles aux méthodes non recommandées, et les menaces financières qu’elle proféra contre les institutions continuant à se référer au non consensuel, tout cela donna une nouvelle impulsion au collectif. La brochure « Ecoutez les autistes » fut en 2012 l’une de nos premières réactions. Elle insistait sur l’avis unanime des autistes qui peuvent s’exprimer pour mettre au premier plan de la prise en charge un appui sur leur intérêt spécifique. Il en découle une insuffisance des méthodes d’apprentissage prônées par la Haute Autorité de Santé qui n’accordent à ceux-ci qu’une fonction mineure. Au mieux l’intérêt spécifique est utilisé par celles-ci comme renforcement pour l’accomplissement d’une tache ; tandis que le plus souvent il est considéré comme un obstacle aux apprentissages. Depuis lors l’orientation du collectif s’est affirmée plus nettement vers une action politique cherchant à faire entendre que dans le contexte d’incertitude actuel concernant les causes et les traitements de l’autisme, la seule attitude appropriée consiste à maintenir une approche plurielle de l’autisme, incluant les méthodes psychodynamiques. Les méthodes de traitement recommandés par la HAS ne sont pas, de son propre aveu, validées scientifiquement, les causes de l’autisme sont ignorées, la définition de l’autisme d’une grande variabilité, bref la science de l’autisme reste aujourd’hui très incertaine. Pourtant c’est au nom de la science que certaines associations de parents et certains bureaucrates veulent bannir les méthodes psychodynamiques – pourtant validées par de nombreux témoignages et par diverses monographies cliniques.

C’est aujourd’hui contre ce scientisme aveugle qu’entend lutter par divers moyens le collectif. Non seulement ses membres produisent des interventions écrites, mais ils sont aussi à l’initiative de manifestations publiques : débats autour d’un film, forums politiques, colloques universitaires…

Le collectif s’est récemment enrichi par la participation à ses travaux d’une autiste de haut niveau, Jacqueline Léger, psychologue à la retraite, qui a relaté son expérience dans un ouvrage publié en 1997 : « Un autisme qui se dit… fantôme mélancolique ».

Pour mieux nous faire connaître et entendre la décision fut prise en 2013 de construire un site Web qui est ouvert depuis janvier 2015. La décision de constituer le collectif en association afin de faire vivre le site en a été une conséquence

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