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Écouter Garance

vendredi 31 août 2012, par Fanny Bihan

Nécessité du symptôme n’est pas caprice

Garance demande « à mettre Haendel » encore et encore. Elle s’absorbe dans l’écoute d’airs d’opéra, de comptines, de fado… Ses parents ont eu envie d’écrire sur leur fille « atteinte d’une maladie que, par approximation, ou manque de définition, nous rapprocherons d’« une forme d’autisme » à travers une « mosaïque d’impressions et de réflexions » disent-ils, pour « peut-être les fixer et nous en délivrer, plus que pour transmettre et convaincre » [1].

Au fil de l’évocation des petits évènements du quotidien, se dessine le portrait d’une jeune fille aujourd’hui âgée de 14 ans. Ils évoquent les questions sur le corps, le rapport au langage et à l’autre auxquels Garance les a poussés à réfléchir. Ils transmettent le savoir qu’ils ont acquis, par tâtonnements, auprès de Garance concernant notamment la place et la fonction de l’objet autistique, rassurant, dont ils ont appris qu’il ne faut pas priver l’enfant : « cette forme de désir impérieux ne peut être confondue avec un caprice » soulignent-ils même si « la quête est d’autant plus obsessionnelle et incompréhensible pour l‘extérieur que son objet est dérisoire » [2]. Ainsi, en va-t-il de la passion de Garance à écouter le même passage infiniment répété de Haendel.

Fanny Bihan

Source : Le point du jour n°57, 31 août 2012, Nécessité du symptôme n’est pas caprice


[1Scarlett et Philippe Reliquet, Ecouter Haendel, Connaissance de l’inconscient, Tracés, Editions Gallimard, 2011, p. 12-14

[2Ibid., p. 135