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Notre projet

vendredi 1er novembre 2013, par le Collectif de praticiens auprès d’autistes

Le site « Écouter les autistes » a été construit par un groupe de cliniciens orientés par la psychanalyse qui travaillent ensemble depuis plusieurs années. Son projet est d’intervenir dans les débats politiques concernant les traitements les plus appropriés de l’autisme et la spécificité clinique de celui-ci, en prenant appui sur les témoignages des autistes eux-mêmes. Ces derniers incitent à faire confiance à leurs inventions, si minimes soient-elles, en soulignant qu’elles ont une fonction, non seulement pour tempérer leurs angoisses, mais parfois même pour contribuer à la thérapeutique des troubles.

Notre orientation prend une certaine distance avec les recommandations données en France par la Haute Autorité de Santé en 2013 concernant la prise en charge des autistes. Nos raisons sont les suivantes :

1. La méthodologie employée par la HAS est inadéquate concernant les interventions d’inspiration psychanalytique avec les sujets autistes. Alors que de nombreux travaux psychanalytiques sont consacrés à ces pratiques, et que les études de cas probantes ne manquent pas, la HAS déplore « une absence de données sur leur efficacité et la divergence des avis exprimés ». Pourquoi ? Parce que son biais méthodologique la conduit à récuser les études de cas, faute de pouvoir les quantifier et les généraliser.

2. Dans le domaine de l’autisme, l’efficacité de la référence analytique n’est pas évaluable en elle-même, car la pratique la plus fréquente est la prise en charge institutionnelle. Aucune cure psychanalytique n’est pratiquée, mais on offre à l’enfant un choix d’activités, et on l’accompagne dans ses inventions singulières. Sont toujours inclues des activités scolaires, parfois de l’orthophonie, de la psychomotricité, de l’ergothérapie, etc. Or, la méthodologie de la HAS porte exclusivement sur des pratiques différenciées. Elle est donc ici inapplicable.

3. Cette méthodologie est calquée sur celle des « essais biologiques et médicamenteux » de la médecine factuelle. Tout se passe comme si les effets d’une psychothérapie étaient comparables à ceux d’un médicament. Or, c’est faux : le but d’un médicament est d’effacer un symptôme douloureux, une psychothérapie vise à construire une personnalité. Conséquence : la HAS est amenée à constater qu’aucune méthode de prise en charge de l’autisme ne peut faire l’objet d’une étude suffisamment rigoureuse pour dégager une preuve scientifique. La HAS ne disqualifie pas seulement la « référence psychanalytique », mais aussi les techniques d’apprentissage : la méthode ABA et le programme de Denver n’obtiennent qu’une « présomption scientifique d’efficacité » ; TEACCH « un faible niveau de preuve ».

4. Du point de vue scientifique : si, après tant d’années de recherches, tant de publications, tant de chercheurs et d’équipes mobilisées sur cette question, aucune démonstration scientifique probante n’a pu être mise au point dans le domaine de l’autisme, c’est bien la méthode d’évaluation employée par la HAS qui apparaît défaillante.

5. Du point de vue éthique : les recommandations de l’HAS sont plus compatibles avec l’approche psychanalytique qu’avec des pratiques éducatives contraignantes qui sont indifférentes au consentement de l’enfant, et qui souvent négligent de prendre appui sur ses centres d’intérêt. C’est pourquoi plusieurs associations de parents d’enfants autistes, rassemblées dans le RAAHP (Rassemblement pour une Approche des Autismes Humaniste et Plurielle), restent très attachées au libre choix des traitements.

6. Il convient de laisser libre cours à la diversité des approches et des recherches. Des approches très diversifiées possèdent incontestablement une efficacité positive sur le devenir de l’enfant autiste. L’étiologie de ce trouble reste aujourd’hui inconnue : les études génétiques, comme celle des spécificités parentales, n’aboutissent à aucun résultat probant.

Contact : contact autistes-et-cliniciens.org