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« Apprendre des autistes de haut niveau »

vendredi 9 mars 2012, par le Collectif de praticiens auprès d’autistes

Le très attendu rapport de l’HAS a été rendu. La psychanalyse est jugée non consensuelle pour traiter l’autisme.

Trois questions à...

Jean-Claude Maleval, psychanalyste, membre de la Cause freudienne, professeur de psychologie clinique à l’université Rennes 2.

La psychanalyse jugée non consensuelle par la Haute Autorité de santé pour traiter l’autisme, votre réaction ?

Les politiques ont-ils à s’occuper de cette question complexe sur laquelle les spécialistes eux-mêmes n’arrivent pas à se mettre d’accord ? Certains affirment même que l’autisme n’existe pas. Daniel Fasquelle, député UMP veut une loi pour interdire les pratiques psychanalytiques, comme si elles étaient définissables. Le « packing », notamment est montré du doigt. Cette technique existait bien avant la psychanalyse. En même temps, la HAS aurait pu parler pour la psychanalyse de méthode non recommandée, elle a préféré, évoquer une méthode non consensuelle, c’est un compromis. Mais aussi une alerte.

Méthode d’apprentissage, méthode psychanalytique, comment s’y retrouver ?

Chaque cas est particulier. Il faudrait laisser choisir les autistes, les écouter. Ils ont du mal à prendre la parole. Seuls les autistes de haut niveau le peuvent et ils ont des choses intéressantes à dire. Mais aujourd’hui, la méthode la plus validée au niveau scientifique ne cherche pas leur consentement.

Dans les critiques de la psychanalyse, on a beaucoup reproché la culpabilisation des parents ?

La psychanalyse n’est pas la caricature qu’on nous a parfois présentée. On ne connaît pas la cause de l’autisme. Il existe une hypothèse génétique, mais aussi des facteurs environnementaux. Bettelheim, c’est de l’histoire ancienne. La psychanalyse a évolué. Comme certaines méthodes comportementales qui ont eu un temps recours aux punitions... eux aussi ont arrêté. Alors bien sûr, on pourrait faire mieux. Pourquoi pas en collaborant avec la méthode Teacch qui prend en compte l’intelligence des autistes. Pour les psychanalystes, l’autiste a aussi une vie affective et le but est d’amener les autistes non pas à l’autonomie, mais à l’indépendance.

Recueilli par Agnès LE MORVAN

Journal Ouest-France du vendredi 9 mars 2012
Edition : Rennes - Rubriques : Rennes Ville