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« L’autiste n’est pas un handicapé mental »

jeudi 25 juin 2009, par le Collectif de praticiens auprès d’autistes

Praticiens de l’autisme, des professionnels ont mis en commun leur savoir dans un ouvrage qui vient de paraître

Au centre, Jean-Claude Maleval entouré d’une partie des coauteurs. Une douzaine de praticiens participent depuis trois ans à l’ouvrage, de Rennes et Saint-Malo en majorité. L’équipe compte aussi un Argentin.

Trois questions à...

Jean-Claude Maleval et aux praticiens auteurs de L’autiste, son double et ses objets (Presses universitaires de Rennes). Membre de l’école de la Cause freudienne, professeur de psychologie à Rennes 2, Jean-Claude Maleval a assuré la direction de l’ouvrage.

Vous soutenez dans l’ouvrage que l’autisme n’est pas un handicap. Ce n’est pourtant pas ce que dit la loi...

On pense en effet que l’autiste est un enfant muet qui se cogne la tête contre les murs, aux gestes stéréotypés, doté d’un langage rudimentaire. On constate que bon nombre d’enfants parviennent à l’âge adulte à une insertion sociale satisfaisante, quand ils n’ont pas été entravés dans le développement de leurs capacités.
Les considérer comme des handicapés ne favorise pas cette évolution. Cela incite à la désespérance. L’autisme est peut-être handicapant. Par certains aspects, il peut être dynamisant.

L’autisme a-t-il une origine génétique ?

La cause de l’autisme reste encore ignorée. Aucun test biologique ne permet d’en faire le diagnostic. Les limites entre le génome humain et l’environnement deviennent de plus en plus floues car il y a interaction permanente.
Quelles que soient les causes, une chose est bien établie : des prises en charge thérapeutiques et éducatives peuvent modifier l’évolution de l’autisme.
Nous savons que le cerveau est plastique. Des déterminismes génétiques fluctuent en étant tantôt activés tantôt inhibés par l’environnement.

Quels conseils donner aux parents et éducateurs bien souvent désemparés compte tenu du peu de possibilités de prise en charge ?

Même les autistes les plus emmurés dans leur monde sont des êtres intelligents qui savent utiliser des méthodes efficaces pour se protéger. Quand ils sont muets, les bienfaits des méthodes de communication assistée sont de plus en plus confirmés. C’est en s’appuyant sur leurs compétences qu’on obtient les meilleurs résultats, c’est-à-dire des gains en indépendance.
Comme l’écrit une jeune femme autiste sur son ordinateur « Il prime de trouver la faculté de chaque personne avant d’établir une démarche éducative. » Sachons l’écouter, ce qui est le principe de l’approche psychanalytique prônée dans l’ouvrage.

Journal Ouest-France du jeudi 25 juin 2009
Édition : Rennes 1 - Rubriques : Rennes Ville